C’est après quelques heures passées à somnoler au devant d’un bureau crasseux empli de paperasse que Sanzô prit la décision d’aller se promener en forêt comme il aimait bien le faire. Il laissa son arme contre son bureau et se leva. Il attrapa une sorte de sac en tissu posé sur une chaise en osier et le mis sur le dos. L’autre main dans sa poche de pantalon, il se dirigea vers la porte d’un pas nonchalant et sortit finalement.
Il prit alors la direction de la forêt. A l’entrée de la forêt des damnés il jeta un coup d’œil tout autour. Il observa les feuilles des arbres voleter sous la pression d’une légère brise qui traversait tranquillement la zone. Il avança alors dans la pénombre des arbres. Cette forêt n’était pas forcément très agréable à parcourir. Il faisait noir et certains sons inquiétants se faisaient entendre au loin. Rien de tout cela n’effrayait le jeune Kage. Il arriva après quelques minutes de marche, en plein milieu d’une clairière tranquille, certainement un des seuls endroits ensoleillés de la forêt. Sanzô observait les alentours tout en restant sur place. Il posa son sac et passa sa main droite gantée dans ses cheveux. Il avait l’air de réfléchir quelque peu à ce qu’il allait faire. Il regarda le sac posé au sol et finalement se baissa vers celui ci. Il jeta un dernier coup d’œil autour de lui et déplia le grand tissu qui composait ce sac. Il accrocha un bout à un arbre, et l’autre extrémité à un autre arbre. Il passa ses mains à l’intérieur pour tendre le grand drap qui allait donc lui servir de hamac et il y sauta dedans. Il se coucha, les mains derrière la tête et ferma les yeux.
La forêt semblait endormie elle aussi. Tout était calme. Tout coordonnait. Les bruits du chant des oiseaux, le froissement des feuilles, la brise légère… Tout cela créait une ambiance douce et réconfortante malgré les ténèbres de la forêt. Le Kage d’Oto, Makkurayami Sanzô, malgré son rôle très important et ses responsabilités, restait quelqu’un d’extrêmement tranquille et sans pression. Il aimait passer son temps à flâner en dehors du village même, et se reposer dans la nature.
Après quelques longues minutes de sommeil il entendit un sifflement parcourir l’endroit où il se reposait. Sanzô ouvrit alors machinalement les yeux et s’assit dans son hamac. Il regarda aux alentours, cherchant la source de ce sifflement. Ce bruit ne cessait pas et il dut se lever. Il vit alors au fin fond des ténèbres de la forêt une silhouette plutôt basse qui ressemblait à un animal. Il comprit que le sifflement venait de cette direction. Il laissa sur place le grand drap et prit la direction de la silhouette. Il emprunta un tout petit chemin entre les arbres, se dégageant des branches et des ronces. Il était assez difficile de parcourir cette forêt en dehors des chemins prévus à cet effet. Plus il s’approchait de l’ombre qu’il suivait, plus elle s’éloignait. Il s’arrêta soudain, et regarda derrière lui. Il ne voyait plus la clairière désormais, il fallait qu’il avance. Il reprit alors sa route en direction de la silhouette. C’est alors qu’il s’attrapa le pied dans une branche d’arbre qui sortait du sol et tomba. Il arriva tout de même à se retenir avec ses bras avant de toucher le sol.
**Qu’est-ce que je suis venu me paumer ici… ?**
Il se releva et continua son chemin. Il ne savait pas pourquoi il continuait de suivre l’ombre mais quelque chose lui disait qu’il fallait qu’il continue. Il voyait finalement la silhouette approcher au fur et à mesure qu’il avançait dans la pénombre. Il vit alors comme un halo de lumière autour de la silhouette. Il put donc reconnaître la forme précise. C’était bel et bien un animal, avec deux grandes oreilles pointues. Quand il arriva à quelques centimètres de l’animal, celui-ci disparut pour laisser place à une falaise. Le halo avait été formé par la lumière du soleil. La forêt s’arrêtait là pour laisser place à un vide. Sanzô en avait presque le vertige. Il regardait en bas et ne voyait pas le fond.
« Une illusion… ? »
Il entendit un grognement dans son dos. Il se retourna et vit alors la créature. Elle ressemblait à un gros chat blanc avec deux oreilles pointues qui se terminaient en deux pointes noires. Deux grandes moustaches partaient des deux côtés de son museau et retombaient en deux pointes lumineuses.
**Un lynx… ici…**
L’animal qui était assis se leva finalement et bondit sur Sanzô. Celui-ci tenta d’esquiver l’attaque mais vit finalement que l’animal n’était pas réel quand il le traversa. Il fut tout de même déséquilibré et bascula par-dessus le bord de la falaise et se rattrapa à un bout de roche.
« Argh… Si j’avais su je serai resté couché… »
Il était mal en point. Il posa un pied sur une roche qui céda sous son poids. Il glissa et se rattrapa un peu plus bas.
« Je ne vais pas m’en sortir… »
Aussitôt avait-il dit cela qu’il entendit un nouveau sifflement. Il se balança alors légèrement sur le côté pour prendre un peu d’élan et réussit à se propulser en l’air pour enfin revenir en haut de la falaise. Il retomba sur la terre ferme et sur ses deux pieds.
« Non, c’aurait fait plaisir à trop de monde que je meure ici… »
Il ferma les yeux pour pouvoir entendre le son plus distinctement. Il commença alors à se diriger vers la droite en courant, gardant toujours les yeux fermés et longeant le bord de la falaise. Il savait où il allait. Il continua de courir jusqu’à qu’il rejoigne un côté de montagne. Il sauta soudain de manière à monter sur une roche de la petite montagne. Il sauta de roche en roche pour enfin arriver sur une sorte de plateau. De là où il était, il pouvait voir les alentours. Il voyait la forêt ainsi qu’un petit ruisseau qui longeait le village au loin. Il ferma les yeux à nouveau et écouta attentivement. Le son était alors de plus en plus fort. Il sentit une présence dans son dos mais ne se tourna pas. Le lynx blanc lui sauta dessus sans que Sanzô ne bouge. Le lynx le fit tomber au sol. Sanzô était alors face au sol et avait du mal à bouger.
« Mais c’est pas vrai, je croyais que c’était qu’une illusion… »
L’animal grogna et disparut. Sanzô se releva et regarda autour de lui.
« Bon ça suffit, il faut que je l’attrape. »
Il referma les yeux et écouta attentivement. Il rouvrit les yeux et sauta de l’autre côté de la petite plateforme sur laquelle il était. Il retomba en bas, sur le sol de la forêt. Il se retourna et vit un trou dans la roche. Il s’avança doucement et regarda brièvement à l’intérieur. Ce trou pouvait faire penser à une sorte de terrier.
**Le son… Il vient de là dedans… Pourtant… **
Il recula et regarda en l’air l’endroit d’où il était descendu.
« Il ne me semblait pas que ce genre d’animal vivait dans des terriers. »
Sanzô s’avança dans le trou. Il était à moitié accroupi mais réussit à pénétrer à l’intérieur. Il fit quelques pas et vit une petite lumière dans le noir. Il s’approcha et un flash lumineux lui fit apparaître à ses yeux une immense salle. Une grande salle aux reflets dorés ornée de grands draps rouges et or. De grandes lances argentées étaient placées contre les murs de la salle. Quatre grands piliers se dressaient au milieu de celle-ci. Au fond se trouvait une sorte d'autel blanc. Quelques lucioles volettaient au dessus de ce dernier. Sanzô s'en approcha doucement, restant tout de même sur ses gardes. Il regarde la grande nappe présente sur l'autel et se retourna. Il vit encore une fois le lynx, assis devant lui, le fixant d'un regard profond. Sanzô mis ses bras en opposition et plaça son pied droit en arrière. Il était en garde, prêt à se protéger. L'animal émit un grognement et une rafale souffla. Un grand vent arriva par l'entrée de la caverne et lui fit voler ses cheveux blancs. Une voix grave apparut alors à son esprit.
"Tu as enfin réussis à atteindre mon antre..."
Sanzô se redressa quelque peu et leva les yeux vers le haut de la salle. Il n'avait aucune idée d'où provenait la voix, ni à qui elle appartenait. Il hésita quelques secondes puis répondit enfin :
"Qui... qui êtes vous?"
Le lynx se coucha sur le sol, au bas de l'autel et la voix reprit.
"Je suis Yamaneko, le Lynx. Tu es venu ici pour me demander mon aide..."
La voix n'eut pas le temps de terminer que Sanzô le coupa :
"Non, du tout. J'ai juste été persécuté par un sifflement insupportable et par le fantôme d'un gros chat"
Le vent souffla de plus belle et la voix reprit.
"Quelle insolence, je suis la représentation du Lynx Yamaneko. Comment pouvez vous parler ainsi d'une entité si.."
Sanzô ferma les yeux et le coupa à nouveau.
"Peu importe... Le fait est que j'aurai bien aimé dormir cette après-midi. Bref, pourquoi m'avez vous amené ici ?"
"Hmmm, en effet je t'ai amené ici pour voir si tu étais capable d'honorer ma puissance et de me libérer de cet endroit."
Sanzô s'assit sur l'autel et répondit :
"Si je comprends bien vous voulez que je vous emmene avec moi...c'est bien ça ?"
Le vent souffle toujours aussi fort, le faisant tomber de l'autel. Il se releva doucement et se frotta la tête. La voix reprit :
"Ne sois pas si insolent, et respecte cet autel, s'il te plait."
"Bon, et bien écoutez je veux bien vous aider, mais veuillez vous montrer, c'est la moindre des politesses de se présenter à ses convives."
La voix lança dans un soupir :
"Tu parles de politesse... toi."
La voix reprit alors avec un air plus sérieux :
"Je ne peux pas me présenter à toi. Cette salle ne m'est pas assez... comment dire... assez confortable."
Sanzô s'avança vers le félin qui sormait sur le sol et se baissa pour le caresser.
"Tu m'en auras fais voir aujourd'hui toi..."
Il se releva ensuite et se dirigea vers la sortie quand un violent vent souffla à nouveau et l'empecha d'avancer.
"Hey, laissez moi sortir. Pis suivez moi si c'est ce que vous voulez"
"Pour acquérir mon pouvoir tu devras le mériter et..."
Sanzô le coupa une nouvelle fois :
"Bon écoutez, je n'ai en aucun cas besoin de votre aide. Ne me prenez pas pour un simple ninja. Amusez vous à préter votre pouvoir à un jeune ninja qui se fera un plaisir de procéder aux épreuves que vous lui commanderez. Mais malgré tout le respect de je suis censé avoir pour vous, je me fiche complétement de votre aide. Alors si vous voulez me suivre, venez, mais ne m'obligez pas à faire quoi que ce soit."
"Ce caractère... ce tempérament... cette volonté... tu sembles bien plus puissant et intelligent que tu n'en as l'air. Je comprends ce que tu veux dire. Je te demanderai juste d'apposer ta marque sur ce parchemin."
Les lucioles qui volettaient au dessus de l'autel s'illuminèrent et, en un flash un rouleau de parchemin apparut. Sanzô regarda attentivement le rouleau et s'en approcha avec méfiance. Il l'ouvrit et observa. Le parchemin était très ancien. Plusieurs signatures étaient apposées et de nombreuses traces de sang ornaient le rouleau. Sanzô l'ouvrit un peu plus et il se dirigea vers les lances qui se trouvaient sur les côtés de la salle et se taillada la main. Il revint vers l'autel et inscrit son nom avec son sang. Le lynx qui était couché se releva et disparut. Dans un même temps le rouleau de parchemin avait également disparut. Il regarda tout autour de lui et se dirigea vers la sortie. Il prit l'entrée étroite et vit enfin la lumière du soleil. Il s'ettira et se retourna vers l'entrée de la caverne. Il s'apperçut avec étonnement que la façade de la roche était bien opaque et sans le moindre trou. L'entrée avait soudain disparut. Sanzô se retourna et regarda le soleil. Il apporta sa main gantée à son menton.
"Pfiouuu... Mon après-midi est gachée, je ferai la sieste plus tard..."
Sujet: Une sieste bien méritée (Entrainement : Kuchiyose) 